~ Première morsure ~

6 Août 1879

J'ai froid... si froid... Voilà des années que je n'ai pas eu aussi froid... Nande... ? C'est mon coeur qui se glace, c'est un froid interieur... une tempête de neige qui s'empare de ma tête. Je suffoque, j'ai peur... Cette petite maison a disparu de ma vue depuis maintenant... 3 mois. 3 mois... et voilà 17 ans maintenant que je suis née, jour pour jour. 17 ans que cette nature vile et sombre me hante sans que je ne sache la maîtriser. Sans que je ne sache comment m'y prendre, comment comprendre... Je suis un vampire.

Je n'ai jamais goûté cette nourriture pure, ce sang que l'on savoure après avoir donné la mort... 3 mois que je ne mange plus. Non. Je ne vis plus... je survis. Je survis comme ma nature de vampire peut me le permettre. Mais bientôt c'en sera fini de moi... Fini si je ne peux assouvir ma soif dévorante, déchirante. Ma gorge me brûle, implore le sang frais que je n'ai jamais goûté. Affamée, j'erre telle une âme en peine dans le désarroi d'un pouvoir incontrôlé. Ma mère n'est plus, mon père m'a abandonné après son crime... Je suis seule, sans savoir.

Perdue dans la neige comme un labyrinthe dans mon esprit, j'éttouffe... Et une main me soulève puissamment. Je m'aggripe à ce corps glacé mais dont je ne ressens plus la froideur. Il est doux, rassurant... presque chaud. Mes cheveux cascadent autour de moi, recouvrant mon corps gelé. Les yeux fermés, je sens des doigts venir caresser doucement ma joue, puis descendre sur mes lèvres désséchées... Je m'aggripe davantage au col synthétique s'offrant à mes doigts. Des bras fins s'enroulent autour de moi, tandis que mes yeux agonisent sous mes paupières closes. J'ai froid, j'ai mal... j'ai faim.

J'ai tout abandonné, tout quitté pour le retrouver lui, ce père que j'appelle désormais " meurtrier ". Mais il n'est jamais venu à ma rencontre... Toujours il a fuit, il m'a fuit. Ma nature de monstre cachée profondémment en moi, j'ai attendu ce jour comme ma renaissance... Ce jour où l'homme qui se tenait contre moi me trouve, me protège... Et il était là. Aujourd'hui. En ce jour de mes dix-sept ans... Une voix aussi docue que le miel vint susurrer à mon oreille prudente :

Viens-là...

J'ouvris les yeux. L'homme qui se tenait devant moi, contre moi, était aussi beau que le Soleil. Un visage ténébreux, aux traits admirables, comme sculptés par les étoiles et polis par la neige... Des yeux d'un noir mordoré scintillants comme des flammes dans cette nuit glaciale. Un nez parfait, des lèvres aux contours les plus désirables... Des cheveux noirs légèrement ondulés se fondant dans la nuit noire... Une peau aussi blanche que la lumière de la Lune, sans imperfection, que l'on aurait envie de caresser jusqu'à la fin de ses jours... Jamais je n'avais pensé que pareil être pouvait exister sur la Terre, il semblait descendu du ciel, sorti droit de mon coeur et de mes pensées. Il était la perfection et le désir... Il était vampire.

Je fis parcourir lentement un doigt sur sa joue satinée, aussi lisse et blanche qu'une porcelaine... Et sa gorge... Je sentais l'appel de son sang dans mes propres veines. Mon coeur battit la chamade. J'ai faim... je n'en peux plus. Alors, l'homme glissa une main douce derrière ma tête et m'attira tout contre sa peau nue. Je passai mes doigts dans son cou aux courbes infiniment douces et posait ma bouche dans le creu de sa gorge. Je restai un instant ainsi, savourant le contact de la pulsasion de son sang contre mes lèvres abîmées par le froid. La main de l'homme insista faiblement sur ma tête. Découvrant mes crocs révélateurs de ma nature, je les plongeait dans la chair tendre jusqu'à ressentir son sang s'allier au mien. Nous fusionnions comme notre energie vitale. Et rien, rien n'aurait pu m'arracher de lui tandis que je goûtais le meilleur des mets qu'il m'offrait. Le liquide rougeâtre entama sa lente progression dans ma gorge. J'étais assoiffée... Oui, donne moi ton sang. Je passai mon autre bras derrière son cou pour me souder davantage à son torse de marbre. Le sang dévalait les pentes douces de ma gorge, comme un nectar dont j'étais prête et soumise à ne plus me passer jusqu'à la fin de ma vie.

Aiko... Miyoshi.

L'homme resserra sa pression autour de moi, et j'appuyai davantage mes lèvres contre sa gorge. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Lorsque je fus rassasiée, l'homme m'ecarta de lui et posa ses deux mains aussi douces que la plus fine des soies de part et d'autre de mon visage. Il effaca doucement les quelques traces de sang qui perduraient sur mes lèvres et plongea son regard mordoré dans mes yeux fascinés. Sa voix était aussi douce qu'une mélodie, aussi onctueuse que le sang que je sentais deferler dans mon corps.

Je serai ton Master.

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